Mettre en lien les collectivités pour favoriser l’échange et le partage d’expérience à l’échelle francilienne ? Un enjeu de plus en plus fort au regard de difficultés auxquelles peuvent être confrontés les élus ou les agents de collectivités. Terre de Liens Ile-de-France et le Réseau des Amap Ile-de-France accompagnent d’ores et déjà les responsables locaux pour mener à bien des projets d’installation agricole, souvent en lien avec la restauration collective : formation, diagnostics fonciers, appui juridique et conseil. Pour autant, le besoin persiste pour les collectivités locales d’échanger entre elles pour confronter leurs vécus de terrain et bénéficier de l’expérience de celles qui ont mené leur projet à terme.

Nous avons interrogé des élus et agents de collectivités quant à la pertinence d’un tel réseau en Ile-de-France.

Chargé de projet à Thorigny sur Marne (77), Mathieu Foulot travaille depuis 2018 sur le projet d’aménagement d’une ferme pédagogique, en lien avec une ambition plus large d’acquisition foncière par la commune. La ferme urbaine située en centre-ville a rapidement pu voir le jour grâce à l’installation d’un porteur de projet, salarié par la commune, et mis en lien grâce au réseau Abiosol. Depuis 2019, ce lieu est devenu un espace pédagogique orienté vers la sensibilisation au maraîchage biologique. Mais la commune souhaite compléter ce projet par une ambition productive, en achetant des terres pour que le maraîcher salarié puisse fournir la commune, potentiellement sur un modèle de régie municipale. Mais ce projet d’acquisition s’est avéré plus compliqué que prévu : droit de fauchage verbal, incapacité à identifier les propriétaires, négociation avec les agriculteurs en place … Pour Mathieu Foulot, pouvoir échanger avec d’autres commune permettrait d’anticiper ce genre de difficultés : « J’aurais aimé voir sur quoi les autres avaient pu buter en matière de foncier, pour ne pas perdre du temps à mon tour ».

Jean Baptiste Françon, directeur adjoint technique à Moissy Cramayel (77) a suivi la mise en œuvre d’une remise en culture maraîchère sur une friche, dont la commune n’est pas propriétaire, mais réaménagée et exploitée par les agents des espaces verts. Pour lui, il est urgent de pouvoir échanger entre collectivités franciliennes, la situation étant très spécifique dans la région, en raison notamment de la pression foncière. « Nous avons besoin d’échanger ! Nous nous sommes rendus à Mouans-Sartoux (06), la régie agricole municipale « modèle », afin de nous inspirer de cette expérience. On y apprend beaucoup de choses, mais on se demande finalement si c’est réplicable chez nous, beaucoup de conditions sont réunis là-bas qui ne le sont pas chez nous, rien que sur le plan pédoclimatique. Il y a une nécessité à échanger sur ces sujets en Ile-de-France. »

A Pussay (91), commune située dans le Sud de l’Essonne et au cœur des plaines de la Beauce, le maire Grégory Courtas a appuyé une installation maraîchère indépendante sur des terres communales en 2011. « Quand on mène un projet d’installation sur le long-terme, il y a un moment où l’on acquière une position de « sachant », qui peut bénéficier à d’autres ». A l’initiative au côté d’autres élusde la création de l’antenne départementale de l’association des maires ruraux en Essonne, il plaide pour que les sujets agricoles et alimentaires retrouvent toute leur place en milieu rural.  « Lors des rendez-vous thématiques organisés par les maires ruraux de l’Essonne, les enjeux agricoles et alimentaires pourraient tout à fait intéresser les élus. Nous sommes toujours demandeurs d’interventions extérieures pour alimenter la réflexion »

A quelques kilomètres de Pussay, Xavier Guiomar vient d’être élu maire de Chalô-St-Mars (91) pour un premier mandat. Enseignant-chercheur à AgroParisTech sur l’agriculture de proximité notamment, il confirme le fait que les élus, parfois isolés au sein de leur intercommunalité respective, ont un réel besoin de se retrouver. Selon lui, ce réseau Abiosol compléterait des réseaux existants :  « L’animation des territoires agri-urbains franciliens à travers le Réseau Rural[1], a permis l’organisation des programmes d’échanges et de partage d’expérience, mais essentiellement entre salariés de ces territoires de projets. Mais les élus n’en ont que très peu bénéficié. Il y a un intérêt à réunir les maires pionniers et à capitaliser sur les projets qu’ils ont mené à bien ».

Porté par Terre de Liens et le Réseau des AMAP, ce réseau pour les collectivités franciliennes engagées pour l’agriculture et l’alimentation pourrait s’inscrire dans la complémentarité avec d’autres réseaux et associations en milieu rural !

Vous êtes intéressés pour rejoindre le projet ? Contactez-nous : h.bechet@terredeliens.org


[1] Opérationnel depuis 2018, Le Réseau Rural Ile-de-France accompagne des territoires Agri-urbains et LEADER (portés par des associations ou des collectivités). Lauréat d’un appel à projet de la Région, ces territoires bénéficient de budgets d’animation pour soutenir les dynamiques de développement rural.