Résumé de l’expérience

La commune de Magny-les-Hameaux dans le département des Yvelines se lance en 2013 dans un projet d’installation agricole sur des terres appartenant à la communauté d’agglomération de St Quentin en Yvelines. Après une première installation réussie en 2014, un deuxième maraîcher s’est installé en 2018, rejoint en 2019 par un berger.

Contexte 

Magny les Hameaux est une commune partie intégrante du PNR de la Haute Vallée de Chevreuse. Elle fait partie de l’agglomération de Saint-Quentin en Yvelines, historiquement ville nouvelle dont le développement a été orchestré par l’État dès 1970. La commune a cette particularité de faire partie à la fois d’une ville nouvelle et d’un parc naturel. La pression immobilière induite par l’intégration à la ville nouvelle a pu être en partie contenue, la participation au parc étant conditionnée à un certain nombre d’engagements limitant la progression de l’urbanisation.

La population de Magny-les-Hameaux a considérablement augmenté ces dernières années, passant de 7 035 en 1982, et 9 197 aujourd’hui (recensement 2015). Sa surface totale est de 1 664 hectares, ce qui en fait la plus grande de l’agglomération par la superficie dont 80 % est constituée d’espaces verts et bleus. Elle compte deux exploitations agricoles en grande culture céréalière encore en activité.

De par son histoire, les terrains de la commune appartiennent à l’agglomération, qui les a rachetés à l’Etat suite au passage du statut de ville nouvelle à celui de communauté d’agglomération en 2003.

Une ambition pour la préservation de la vocation agricole des terres à l’échelle de la Communauté d’agglomération déclinée dans la commune,

Sur des terres en friche situées sur la commune, l’agglomération de Saint Quentin en Yvelines initie le projet d’installation dès 2012, et réalise les études nécessaires pour envisager une remise en culture, notamment d’un point de vue hydrologique. Le maire de Magny-les-hameaux Bertrand Houillon, vice-président de l’agglomération et initiateur d’un plan de développement pour l’agriculture locale et les circuits-courts, suit le projet. Parallèlement, un recensement est effectué à l’échelle de l’agglomération pour connaître les espaces sur lesquels des baux précaires avaient été établis, afin de les convertir en baux ruraux environnement pour pouvoir pérenniser la présence agricole. Le projet d’installation à Magny les Hameaux a servi d’exemple à ce titre. Après modification du PLU, l’espace en friche est reclassé en zone agricole.

Un accompagnement par le pôle Abiosol permet l’installation d’un maraîcher en couveuse

L’agglomération confie ensuite le portage à la commune en 2014 via un bail à construction. La mairie, qui fait le choix d’investir à long terme sur ce terrain, réalise les aménagements nécessaires pour une exploitation maraichère et arboricole.  L’agglomération lance un appel d’offre pour se faire accompagner : le pôle Abiosol est lauréat et anime le dialogue territorial. L’association pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) de la ville créée en 2008 s’empare également du projet et participe au montage du projet et notamment aux aménagements de la parcelle (pose des clôtures, construction des serres, etc.). Les porteurs de projets finaux sont trouvés grâce à l’appui du réseau Abiosol. Rassemblant Terre de Liens Ile-de-France, du GAB Ile-de-France, du Réseau des Amap Ile-de-France et de la couveuse d’activité Les Champs des Possibles, Abiosol met en lien les propriétaires fonciers et les porteurs de projets. Robert Pirès, maraicher couvé au sein des Champs des Possibles s’installe finalement en 2014 grâce à la signature d’un bail rural environnemental.

Etapes clés :

  • 2008 : Création de l’AMAP « Le Panier des Hameaux » (approvisionné en Eure et Loire)
  • 2014 : Installation du premier maraicher
  • Mai 2015 : Première livraison AMAP
  • 2018 : Installation du second maraîcher en couveuse.
  • Juin 2019 : Inauguration du bâtiment de la Ferme périurbaine « La Closeraie »
  • 2019 :  La coopérative Les Champs des Possibles signent un bail pour l’utilisation de la parcelle par un berger pour de l’éco-pâturage.

Facteurs de réussite  

  • Volonté politique de l’équipe municipale
  • Ancrage dans une ambition plus globale de pérennisation des espaces et des activités agricoles à l’échelle de l’agglomération.
  • Le maraîcher en couveuse souhaitait s’installer dans la région
  • Complémentarité des expertises au sein du groupement Abiosol a permis d’appuyer le projet à toutes les étapes.
  • AMAP joue un rôle clé dans la mobilisation et la sécurisation du maraicher 

Difficultés rencontrées 

  • Coûts élevés des investissements pour la collectivité : 800 000 euros notamment dans la construction du bâtiment de la ferme.
  • Négociations avec les associations naturalistes présentes sur le Parc Naturel Régional quant à la remise en culture de la friche.

De nouvelles ambitions dans la continuité de la ferme : travailler sur la diversification agricole

La commune continue de penser l’agriculture de proximité avec l’agglomération, et envisage la construction d’une cuisine centrale (mutualisée avec deux autres communes), qui pourrait être approvisionnée localement. Elle souhaite pour cela travailler sur la diversification en réfléchissant à la potentielle reconversion de grandes fermes pour des cultures maraichères notamment.  L’agglomération, signataire d’une convention de veille foncière avec la Safer depuis 2017, a usé de son droit de préemption dans le cadre d’une vente pour racheter une ferme historique de la ville, qui pourrait à terme bénéficier d’un portage public comme la Ferme de la Closeraie.